Retour de la consigne du verre en 2025 : Vers une consommation responsable et durable
22 août 2024
L’époque où nous retournions nos bouteilles de verre contre quelques centimes revient en force. La France se prépare à un test grandeur nature pour réintroduire la consigne du verre, une pratique presque oubliée mais porteuse d'un impact écologique significatif.
À partir de mai 2025, dans quatre régions françaises, les consommateurs devront payer un supplément à l'achat de certains produits, qu'ils récupéreront en retournant les contenants en verre. Mais comment fonctionne cette consigne ? Quels en sont les enjeux écologiques et économiques ? Et pourquoi cette pratique est-elle essentielle dans notre quête de consommation responsable ?
Un test dans quatre grandes régions françaises
C'est à partir de mai 2025 que la consigne du verre sera expérimentée dans les régions du Pays de la Loire, de la Bretagne, de la Normandie et des Hauts-de-France. Cette initiative, portée par Citeo, un éco-organisme spécialisé dans le recyclage, et soutenue par des partenaires comme le syndicat Brasseurs de France, vise à réintroduire une habitude jadis courante. Les consommateurs achèteront leurs produits dans des contenants en verre consignés, moyennant un supplément de 20 à 30 centimes par bouteille ou bocal. Une fois les contenants retournés dans les points de collecte, cette somme sera restituée.
L'objectif de cette phase d'expérimentation est d'inciter à la réutilisation des emballages, une pratique encore trop peu développée en France. Selon Célia Rennesson, directrice du réseau Vrac et Réemploi, le réemploi des emballages reste marginal aujourd'hui, représentant moins de 1% des emballages utilisés. Cependant, les ambitions sont claires : atteindre 10% de réemploi d’ici 2027, conformément à la loi Agec sur l'économie circulaire.
Un impact économique direct pour les consommateurs
La consigne du verre n'est pas sans conséquence sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Avec des prix à la consommation déjà sous pression, l'ajout d'une consigne pourrait être perçu comme un fardeau supplémentaire. Cependant, Jean Hornain, directeur général de Citeo, est conscient de cet enjeu et souhaite éviter un effet dissuasif. Pour cela, il envisage de tester différents formats de consignes et d'avancer les premières consignes aux consommateurs afin de limiter l’impact financier immédiat.
Il est également probable que le tarif de la consigne variera en fonction du format des contenants. Par exemple, une bouteille de 75 cl pour la bière pourrait avoir une consigne différente d’un bocal de conserve ou d’une bouteille de jus de fruits d’un litre. Cette flexibilité permettrait de mieux s’adapter aux réalités du marché tout en maximisant les chances de succès de l’expérimentation.
Une solution écologique à l’urgence climatique
L’urgence climatique pousse les entreprises et les consommateurs à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Le réemploi des bouteilles en verre est l'une des nombreuses réponses à cette urgence. Contrairement aux bouteilles en plastique, qui sont souvent utilisées une seule fois avant d'être jetées, les bouteilles en verre consignées peuvent être utilisées plusieurs fois, réduisant ainsi la nécessité de produire de nouvelles bouteilles. Cela permet d’économiser jusqu’à 75% d’énergie, 50% d’eau et de réduire de 79% les émissions de CO2, selon Célia Rennesson.
Le verre est un matériau durable qui ne se dégrade pas au fil des cycles d'utilisation. En réemployant ces bouteilles, nous réduisons non seulement la consommation d'énergie liée à la fabrication de nouvelles bouteilles, mais nous contribuons également à diminuer les déchets dans nos décharges et dans la nature.
La montée des prix du verre, un catalyseur pour le retour de la consigne
Au-delà de ses bénéfices écologiques, la consigne du verre offre également un avantage économique aux producteurs. Ces derniers temps, le prix du verre a considérablement augmenté, en partie en raison de la crise énergétique mondiale. En réutilisant les bouteilles, les entreprises peuvent réduire leur coût de production, puisque le prix de revient d’une bouteille en verre diminue considérablement lorsqu'elle est réutilisée plusieurs fois. Cette baisse des coûts pourrait être répercutée sur les prix à la consommation, rendant ainsi les produits conditionnés en bouteilles consignées plus compétitifs.
C’est dans ce contexte que le syndicat Brasseurs de France soutient pleinement cette initiative. Pour eux, la consigne du verre n'est pas seulement une opportunité de contribuer à la protection de l'environnement, mais aussi de réduire les coûts de production tout en répondant à la demande croissante des consommateurs pour des produits plus durables.
Les défis à relever pour une généralisation nationale
Si l'initiative de la consigne du verre est prometteuse, elle n’est pas sans défis. Le principal obstacle est l'adaptation des infrastructures de collecte et de traitement des bouteilles en verre consignées. Actuellement, peu de magasins sont équipés pour gérer ce type de collecte. Pour réussir, il sera essentiel de déployer des dispositifs de collecte efficaces dans les points de vente, permettant aux consommateurs de retourner facilement leurs bouteilles.
Citeo prévoit d’installer ces dispositifs à partir de mars 2025, soit quelques mois avant le lancement de l’expérimentation en mai. Mais il faudra aussi convaincre les détaillants de jouer le jeu et de participer activement à ce retour de la consigne. Pour cela, des incitations économiques ou des partenariats avec des entreprises spécialisées dans le recyclage pourraient être nécessaires.
Un large éventail de produits concernés
L’expérimentation commencera par des produits simples, comme les bouteilles d’un litre à large goulot contenant des jus de fruits et des soupes. Par la suite, d'autres types de contenants seront introduits, tels que les grandes bouteilles ambrées de 75 cl pour la bière, puis les bocaux de conserves, de compotes et de fromages blancs, avant d'intégrer les bouteilles ambrées de 33 cl.
Cette diversité de formats permettra de tester la réaction des consommateurs et d'évaluer la viabilité économique et logistique de la consigne du verre dans différents secteurs. Ce processus progressif permettra également d'ajuster les systèmes de collecte et de retour avant une généralisation potentielle de la pratique à l'échelle nationale.
Une dynamique européenne
La France n'est pas seule dans cette démarche. D’autres pays européens ont déjà adopté ou sont en train de réintroduire des systèmes de consigne pour les emballages en verre. En Allemagne, par exemple, la consigne des bouteilles en verre est une pratique bien ancrée dans la culture de consommation depuis des décennies. Le succès de ce système outre-Rhin montre qu'il est possible d'encourager les consommateurs à adopter des comportements plus responsables, tout en maintenant un modèle économique rentable pour les entreprises.
Il est donc probable que la France s’inspire de ces exemples européens pour affiner et améliorer son propre système de consigne, en ajustant les incitations et les infrastructures pour garantir un taux de retour des bouteilles suffisant pour justifier l’investissement.
Conclusion : Une pratique du passé pour un avenir durable
La consigne du verre revient dans notre quotidien, non seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour des raisons économiques. Alors que la crise énergétique a fait exploser les prix du verre, la réutilisation des bouteilles apparaît comme une solution gagnant-gagnant, tant pour les consommateurs que pour les producteurs. En réduisant l'impact environnemental de la production de verre et en économisant des ressources précieuses comme l'eau et l'énergie, nous faisons un pas de plus vers un modèle de consommation plus durable.
L'expérimentation prévue pour 2025 pourrait bien marquer le début d'une transformation profonde de notre manière de consommer. Si elle réussit, la consigne du verre pourrait s'étendre à l'ensemble du territoire français et devenir une habitude ancrée dans notre quotidien. Plus qu'une simple mesure écologique, c'est un retour à une logique de réemploi et de réduction des déchets, une logique indispensable pour faire face aux défis environnementaux actuels. Alors, prêts à consigner vos bouteilles et à rejoindre ce mouvement vers une consommation plus responsable ?